Vers des systèmes agricoles qui résistent mieux aux aléas climatiques et préservent la biodiversité ?

11 juillet 2016
 

L’agriculture de conservation des sols dont s’inspirent les pratiques testées dans le cadre d’Alister, présente aussi un intérêt pour lutter contre l’érosion et atténuer l’impact des phénomènes météorologiques extrêmes.

betterave Strip-Till[1]Ces dernières semaines ont été très chargées en pluies, inondations et coulées de boue. Il est aujourd’hui admis que ces précipitations fortes et brutales sont les conséquences du dérèglement climatique et qu’elles seront de plus en plus nombreuses à l’avenir ; l’agriculture de demain devra donc composer avec cette nouvelle donne.

Des solutions techniques sont progressivement mises en œuvre par les agriculteurs accompagnés par la chambre d’agriculture, dans les zones les plus sensibles à l’érosion du piémont alsacien :

  • d’une part, la constitution de barrières « physiques » au ruissellement : implantation de haies et de fascines**, CIPAN*, et positionnement pertinent en fonction des chemins d’écoulement de l’eau, des cultures d’hiver qui couvrent le sol au printemps.
    Les obstacles aériens permettent d’interrompre ou ralentir les flux d’eau et les coulées de terre ; le réseau racinaire des plantes renforce la structure du sol qui retient mieux la terre. Les couverts et cultures vivantes jouent ce double rôle, tout en nourrissant la vie du sol et notamment les vers de terre qui jouent un rôle important dans son fonctionnement.
  • d’autre part, l’amélioration de la structure du sol, en ayant recours à des techniques de travail du sol réduit : strip-till, travail du sol superficiel, et même semis direct sans aucun travail du sol.
    La réduction du travail du sol va favoriser le développement de la faune du sol (bactéries, champignons, vers…) qui par son action physique (telles les galeries des vers de terre) vont améliorer la porosité et la structure du sol et permettre un ressuyage plus rapide. L’amélioration du taux de matière organique dans le sol améliore aussi sa cohérence en renforçant le complexe argilo-humique qui associe étroitement la fraction organique et minérale du sol.

ver de terre Ces techniques d’agriculture de conservation se développent aujourd’hui en France mais constituent une rupture technique par rapport aux pratiques conventionnelles et nécessitent généralement plusieurs années de pratique pour être maîtrisées.

Elles devraient s’avérer plus résilientes*** face aux aléas climatiques, mais aussi probablement plus favorables à la biodiversité.

C’est dans cet objectif de préservation de la biodiversité que le Projet LIFE Alister teste depuis deux ans des techniques de ce type : réduction du travail du sol par le strip-till et le semis direct ; couverture semi-permanente du sol par des cultures associées et l’implantation précoce de CIPAN*…

 

*CIPAN : Culture Intermédiaire Piège à Nitrates, couvert végétal semé pendant la période entre deux cultures commerciales.

** fascine : fagot de branchages

*** résilience : Capacité d’un système à absorber une perturbation, à se réorganiser, et à continuer de fonctionner de la même manière qu’avant

 

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