Le semis direct sur couverture végétale vivante : un système pertinent !

13 juin 2017
 

Une quinzaine d’agriculteurs alsaciens ont participé au deuxième voyage d’étude du LIFE Alister, organisé les 17, 18 et 19 mai 2017 en Ile-de-France et dans le Centre Val-de-Loire. Ce voyage a fait suite à la formation « Semis direct sur couverture végétale : faire les bon choix » des 7 et 15 mars dernier, avec Jérôme Labreuche (Arvalis – Institut du végétal) et Hubert Charpentier (agronome et agriculteur en CETA).

Ce fut pour les agriculteurs alsaciens l’occasion d’échanger avec des exploitants ayant adopté les techniques de semis direct sur couverture végétale et de couverture permanente des sols, également expérimentées sur les parcelles d’essais du LIFE Alister.

 CAA - Hubert Charpentier

Les participants ont visité une station d’expérimentation et quatre exploitations agricoles (photo prise chez Hubert Charpentier).

 

A Boigneville (91) sur la station expérimentale d’Arvalis – Institut du végétal, Jérôme  Labreuche a présenté la plateforme d’essai consacrée au travail du sol. La rotation colza – orge – betterave – blé est cultivée avec différentes modalités de travail du sol : labour d’automne, travail superficiel, semis direct et strip-till. Si les modalités labourées font office de références en termes de rendement, les résultats en strip-till en betterave sont meilleurs depuis quelques années, ce qui en fait une technique très prometteuse. Jérôme Labreuche a cependant mis en garde les agriculteurs concernant le parasitisme (limaces, corbeaux), plus important avec les techniques de strip-till et semis direct.

Le lendemain, à Brives (36) sur l’exploitation agricole La Boisfarderie, Hubert Charpentier a fait visiter ses parcelles où il pratique la rotation  Pois (ou lentille) – colza+luzerne – blé dur – blé, en partageant ses 17 années d’expériences de semis sur couverture végétale avec les agriculteurs. « La luzerne est semée en même temps que le colza, elle peut se garder 6 ans si la parcelle ne se salit pas, et apporte 80 unités d’azote au blé ! »

Chez Hubert Charpentier, les rendements sont plus importants en semis direct sur couverture végétale qu’en travail du sol pour les céréales et les légumineuses, et les charges sont réduites de moitié ! Les couverts sont quant à eux régulés par de faibles doses d’herbicides, pour ne pas déséquilibrer la microflore et détruire des bactéries essentielles pour le bon fonctionnement du sol.

Le troisième jour, Hubert Charpentier a conduit le groupe chez Michel et Damien Fradet à Chasseneuil, puis chez Jean-François Feignon à Rivarennes, qui ont détaillé aux agriculteurs alsaciens la transition effectuée sur leurs exploitations respectives vers un système de culture en semis direct sur couverture végétale il y a 4 à 5 ans, et les bénéfices qu’ils en tirent : limitation des fongicides et insecticides, apport de matière organique au sol, fourrages disponibles pour les bêtes grâce aux couverts…

Sur la route du retour, le groupe d’agriculteurs a été accueilli à Pougny (58) par Mickaël Geloen, animateur du GIEE Magellan[1], sur l’exploitation de Thierry Beauvais. Mickaël Geloen et Alain Krebs, le président du GIEE Magellan, ont tout d’abord expliqué les objectifs de ce groupement mis en place en 2015 : améliorer la fertilité du sol par l’introduction de légumineuses dans la rotation et comme couvert végétal, diminuer les charges opérationnelles (réduire les intrants) et de structure (mécanisation), réduire l’utilisation de produits phytosanitaires et d’engrais minéraux. Thierry Beauvais a ensuite raconté son passage d’un système de culture avec 280 ha labourés à un système de plus de 350 ha en semis direct.

En visitant une parcelle de maïs cultivé sur couverture de luzerne, les agriculteurs alsaciens et nivernais ont pu échangés sur les techniques culturales propres au non travail du sol (gestion des adventices, maîtrise de la concurrence entre le couvert et la culture).

Ce voyage a à nouveau remporté un franc succès auprès des agriculteurs alsaciens, qui ont pu confronter leurs points de vue et partager leurs expériences avec d’autres agriculteurs engagées sur les mêmes thématiques. Le groupe est reparti en Alsace avec l’envie de poursuivre les expérimentations, afin de se rendre compte des techniques et des associations cultures/couverts qui fonctionnent sur leurs exploitations, dans le contexte pédo-climatique alsacien.


[1] Mobilisation des Agriculteurs pour la Gestion et l’Evaluation des systèmes de culture sous couvert de Légumineuses pour la Maîtrise des Adventices et de l’N (azote)

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