Le LIFE Alister comme tremplin

26 juin 2018
 

Il y a deux ans, les recherches de Mathilde Tissier concernant les Grands hamsters atteints de démence pour cause de carence en vitamine B3 faisaient réagir tant les agriculteurs que les chercheurs ou encore les médias. Cette approche totalement innovante, et même fortuite de la bouche même de la scientifique, ouvre la voie à de nouvelles pistes de recherche visant à mieux comprendre la disparition progressive de la biodiversité en terres agricoles.

Suite à l’obtention de son doctorat en avril 2017, Mathilde Tissier a terminé sa mission, entreprise dans le cadre du LIFE Alister, à l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien CNRS de Strasbourg et elle s’engage aujourd’hui vers d’autres recherches sur la même thématique : effets de l’alimentation sur la physiologie et le comportement, voire le développement, des espèces animales.

 

Du Grand hamster au Tamia

Le Tamia est un petit écureuil d’Amérique du Nord qui a la particularité de se reproduire deux fois par an les années de pics d’abondance de nourriture. C’est un comportement qui intrigue les chercheurs car il est capable d’anticiper 2 ou 3 mois à l’avance ces augmentations de nourriture qui ne se produisent pas chaque année. A partir de juillet, Mathilde Tissier intégrera l’Université Bishop au Québec pour 3 ans dans le cadre d’un post doctorat, ainsi que l’équipe canadienne qui travaille sur ces questions.

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Cette équipe se compose actuellement du Dr. Patrick Bergeron (Bishop’s University), du Dr. Denis Réale (UQAM) et du Dr. Dany Garant (Université de Sherbrooke). Son sujet de recherche sera de comprendre pourquoi la saison de naissance des jeunes influence leur développement et leur comportement. Est-ce la différence d’alimentation entre ceux nés au printemps et ceux nés en automne qui en est la cause ? Ces recherches se feront, comme pour le LIFE Alister, dans un contexte de changements globaux *.

 

Le lièvre et les insectes pollinisateurs

En parallèle de cette étude sur le Tamia, Mathilde Tissier collabore également sur des projets de recherche sur le lièvre avec une équipe autrichienne, et sur les insectes pollinisateurs, en lien avec des chercheurs de Toulouse et des États-Unis. Là encore il est question d’identifier l’impact de l’alimentation sur la disparition de ces animaux. En écologie, l’alimentation est en général principalement considérée pour son apport en énergie et protéines mais l’étude sur le Grand hamster a montré le rôle important des vitamines et des acides aminés essentiels. Le travail de Mathilde Tissier s’intéresse non seulement à la physiologie et aux comportements des animaux mais également à la biochimie des plantes en terme de ressource alimentaire.

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C’est peu connu mais les abeilles peuvent consommer jusqu’à 70% de pollen de maïs en été, céréale qui est la plus carencée en vitamine B3. Mais ce n’est pas la seule, globalement la plupart des céréales contiennent peu de vitamines B3 contrairement aux plantes sauvages. La question qui se pose alors est : notre agriculture aurait-elle perdu des plantes qui permettaient aux animaux de compenser leurs carences ? Des plantes plus proches des plantes sauvages et que nous ne cultivons plus. Ces informations, permettraient, comme dans le cadre du projet LIFE Alister, de réfléchir à des associations de cultures qui sauveraient la biodiversité de notre planète.

 

Pour en savoir plus : consultez le site web de Mathilde Tissier

*Les changements globaux désignent, au sens large, les changements induits aux écosystèmes par l’anthropisation survenant actuellement dans le cadre de l’Anthropocène, une ère géologique dans laquelle les sociétés humaines transforment de manière parfois irréversible leur environnement. Le terme prend en compte notamment l’urbanisation, la surpêche, les changements agricoles et climatiques et les pressions qu’ils posent sur les écosystèmes.

 

Prix de thèse de la Société des Amis des Universités de l’Académie de Strasbourg

Vendredi 22 juin, Mathilde Tissier a reçu ce prix parrainé par l’Association Frédéric De Dietrich lors d’une cérémonie présidée par Michel Deneken (président de l’Université de Strasbourg), Catherine Florentz (Vice-présidente de l’Université de Strasbourg) et Claude Rousset (Président de l’Association des amis des Universités). Les prix de thèse, remis à 19 des 464 doctorants qui ont soutenu leur thèse l’an passé, sont destinés à valoriser et à faire connaître les auteurs des travaux les plus remarquables soutenus au cours de l’année 2017 au sein de l’Université de Strasbourg.

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Sur la photo, ses directeurs de thèse, Caroline Habold et Yves Handrich, chercheurs à l’IPHC et Charlotte Kourkgy chargée de mission Grand hamster à l’ONCFS.

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